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Comme les hommes, les peuples qui oublient leur histoire cessent d'exister!


Les maquis en Ille-et-Vilaine et la libération du département en 1944


En juin 1944, au moment du 6 juin 1944, les effectifs des maquis installés en Ille-et-Vilaine étaient estimés à 2.500 hommes. A la fin du mois de juillet 1944, leur effectif n'avait pas changé mais un millier d'entre eux seulement étaient armés.

Les maquis du département ont également du s'adapter à une police allemande particulièrement offensive et gérant trop bien les mécanismes de dénonciation et les miliciens.

De ce fait, de nombreux maquis du département s'efforceront de garder une taille modeste. En outre, afin de noyer le poisson, les maquis d'Ille-et-Vilaine interviendront fréquemment dans les départements voisins de la Mayenne et des Côtes-de-Nord.

Carte de l'Ille-et-Vilaine
En rouge, l'axe principal de pénétration du XVème Corps d'Armée US. En bleu, les axes de pénétration du VIIIème Corps d'Armée US
et de la Task Force "A".
Carte dressée à l'aide Google Earth

Les maquis du département

Le maquis de Broualan, installé dans le bois de Buzot, au coeur du pays de Dol, fut certainement l'un des plus gros maquis FTPF de l'Ille-et-Vilaine. Son histoire illustre bien la technique mise en oeuvre par les Francs tireurs et partisans. A partir de l'été 1943, tout ce que le littoral compte de réfractaires au STO se réfugie au château voisin de Landal. Dès le mois d'avril 1944, le commandant Fabien, chef de la Résistance de 1'Ouest organise depuis Rennes, le premier Régiment Mobile Breton.

Tous les groupes F.T.P. de la région malouine doivent se replier sur le bois de Buzot pour y former une base de harcèlement des troupes allemandes et de liaison avec les alliés en vue de leur prochain débarquement. Mais le maquis manque dramatiquement d'armes. Du 10 au 12 juin 1944, une cinquantaine de francs-tireurs évacuent Broualan pour Lignières, dans la Mayenne,

Finalement, après le grave incident de Cuguen du 20 juin 1944, faisant suite à la mort d'un milicien abattu, une section allemande a massé tous les habitants dans l'église avant de se contenter de mettre le feu à l'école, le maquis de Buzot essaime dans la forêt de Haute-Sève, à Saint-Aubin-du-Cormier et le reste du maquis décroche dans le département voisin de la Mayenne où les F.T.P. disposent d'armes et se battent.

La fin du maquis de Broualan s'achèvera par une descente de quelque 150 hommes de la milice, d'abord au bourg, où ils tueront 3 habitants, puis à la ferme de la Lopinière où ils captureront l'adjudant Jean Lambert, Maurice Couriol, Armand Pasquet, Joseph Lemonnier, René Hucet, René Capitain, Michel Renaud ainsi qu'un parachutiste canadien qui seront torturés à Saint-Remy-du-Plein, avant d'être abattus et précipités dans une carrière sur la route de Bazouge.

L'histoire du petit maquis F.T.P. "du Pavé" à Vieux-Vy-sur-Couesnon est, elle aussi, très instructive. Eugène Logeais, rapatrié sanitaire d'Allemagne possédait une petite ferme en dehors du bourg à la "Roche aux Merles", où rapidement; beaucoup de r&sistants se cachèrent mais aussi des aviateurs en attente d'un rapatriement en Grande-Bretagne. Le lieu était si bien connu des alliés qu'il devint juste après le débarquement, une "drop zone". Prévenus le 7 juillet 1944 d'une possible descente de la milice qui projetait d'incendier la ferme, de nombreux résistants quittèrent les lieux. Comme prévu, une soixantaine de miliciens encerclèrent la ferme, alignèrent tous ceux qui s'y trouvaient contre les murs, incendièrent la ferme et torturèrent Yvonnick LAURENT, pour le faire parler. Or, il y avait une règle impérative dans les F.T.P.: les groupes devaient impérativement ignorer où se trouvaient les groupes voisins que, seul, le chef du département pouvait activer. Inutilement torturé, le corps criblé de balles de mitraillette d'Yvonnick LAURENT fut retrouvé sous un tas de fagots dans une carrière voisine.

Le maquis de Saint-Yvieux était installé dans une bergerie à la lisière de la forêt du Mesnil sur le bord du Mireloup, qui recueillait des réfractaires au S.T.O., des aviateurs américains dont l'avion avait été abattu. Si ce maquis dépend de l'Organisation civile et militaire c'est à dire de M. Renard, qui a mis également en place des structures de l'O.C.M. à Plerguer, Dol, Saint-Malo, Saint-Coulomb, Saint-Guinoux, la Fresnais, Lillemer, Combourg et Sens-de-Bretagne, il restait placé, au niveau du département, sous l'autorité des F.T.P.

Fin décembre 1943, les FTP lui font parvenir des armes. Quelques jours plus tard, il est dénoncé par un traitre qui sera abattu en février 1944. Mais le 19 décembre 1943, sept policiers allemands interpellent à 4 heures du matin quelques 21 maquisards de Saint-Yvieux qui, apparemment n'avaient pas mis de "sonnettes" (c'est à dire des tours de garde) en faction. Cinq maquisards seulement reviendront de la déportation et le traitre, un rouquin de Guingamp, répondant au nom de guerre de Georges, sera abattu au mois de février 1944 par un résistant de Fougères.

Alors que les maquis F.T.P. apparaissaient sous la forme d'une myriade de petit groupements impossible à tous citer et qui, pour des raisons impératives de sécurité et de survie, s'ignoraient les uns des autres. Les maquis créés par les F.F.I. constituaient des masses assez importantes, rassemblées dans les forêts les plus vastes, ce qui les rendait vulnérables quant à leur détection par la police allemande. En Ille-et-Vilaine, on peut citer le cas du maquis de la forêt du Teillay, à cheval sur les deux départements de l'Ille-et-Vilaine et de la Loire-Inférieure. Sur l'organisation des F.F.I. en Ille-et-Vilaine, on pourra également se documenter très utilement sur un site intitulé "Les F.F.I. en Ille-et-Vilaine".

Isoler la Bretagne de la Normandie et couper en deux la septième Armée Allemande

L'ordre de bataille
de la 7ème armée allemande
au 6 juin 1944
Carte extraite de "Order of battle - OB West,
6 June 1944
(Hyperwar)"
L'Ille-et-Vilaine était un département clé pour isoler de la zone de débarquement et donc de la ligne de front (voir la carte de l'ordre de bataille de la 7ème Armée allemande ci-contre) les unités allemandes d'assaut qui s'y trouvaient à savoir les 353ème, 77ème et 275ème (cette dernière en formation) divisions d'assaut, auxquelles il fallait ajouter les 3ème et 5ème (cette dernière en formation) divisions de parachutistes. On signalera, pour mémoire, la 319ème division d'infanterie dans les îles anglo-normandes qui n'était pas une division statique ordinaire mais une division d'élite placée en réserve forte de 40.000 hommes!

Pour les alliés et en particulier pour la troisième armée US de Patton, la première conséquence de cette situation militaire de la Bretagne sera donc d'alimenter copieusement en armes et explosifs les départements de l'Ille-et-Vilaine et de la Mayenne qui hébergeait le PC de la 7ème Armée allemande et complémentairement de parachuter des hommes chargés de paralyser le trafic SNCF en Bretagne afin d'empêcher les divisions d'élite allemandes et notamment les divisions d'assaut d'intervenir sur le front du débarquement.

Subsidiairement, et conformément aux ordres reçus du SHAEF, c'est à dire d'Eisenhower relayé en particulier par Omar Bradley, il sera de rechercher un port en meilleur état que celui de Cherbourg pour accélérer le débarquement des unités de la troisème Armée US (encore quelque 150 unités stationnées en Angleterre au 1er août 1944, sachant que la 2ème DB de leclerc débarquera le 2 août 1944 sur la plage d'Omaha Beach. Or, au début août, l'armée américaine manquait dramatiquement de libertys' ships, beaucoup d'entre eux étant mobilisés en Méditerranée en vue du débarquement dans le Var.

La mission Cooney des SAS français

C'est afin d'isoler la Bretagne du reste de la France que, dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, l'exécution de la mission Cooney a été confiée au 4ème régiment des S.A.S. (devenu ultérierement le 2ème RCP):
  1. Pierre 401 : Viaud Jean (Lt), Carro Roger , Goardon Yves - Voies ferrées entre St Brieux et Guingamp dans les Côtes-du-Nord
  2. Pierre 402 : Roquemaure Jean (Sgt) , Desmoulins Pierre , Perrachon Louis - voies ferrées entre Lamballe et Causnes dans les Côtes-du-Nord
  3. Pierre 403 : Fauquet Philippe (Asp) , Bidault René , Fadda Pascal- voies ferrées entre Lamballe et Dinan dans les Côtes-du-Nord
  4. Pierre 404 : Appriou Jean ( Slt)) , Cerillo Julio , Le Duizet Auguste- voies ferrées entre La Bohinière et Dinan dans les Côtes-du-Nord
  5. Pierre 405 : Carré Jacques ( Sgt) , Héritier François , Thomas Jean - voies ferrées entre La Bohinières et Rennes en Ille et Vilaine.
  6. Pierre 406 : Varnier André (Slt), Aubert Pierre, Guyon Raymond, Kieffer Guy, Materne Pierre – voies ferrées entre Messac et Rennes en Ille et Vilaine
  7. Pierre 407 : De Camaret Michel (Slt) , Cochin Denys (Slt) , Collobert Joseph , Detroit Jacques (Sgt) , Nunes Achille – voies ferrées du tunnel entre Messac et Redon en Ille et Vilaine.
  8. Pierre 408 : Tisne François (Lt) , Bernard Robert , Perles Max: voies ferrées entre Redon et Châteaubriand en Loire-Inférieure.
  9. Pierre 409 : Nicol Françis ( Slc) , Courant Georges , Lifsniack Félix:voies ferrées entre Redon et Pont-Château en Ille-et-Vilaine
  10. Pierre 410 : Maire Louis (Lt) , Bourrec Pierre , Tauzin Félix: voies ferrées entre Redon et Questembert dans le Morbihan
  11. Pierre 411 : De Kerillis Alain (Slt) , Morizur Ambroise , Terisse René: voies ferrées entre Questembert et Vannes dans le Morbihan
  12. Pierre 412 : Bres Michel ( Slt) , Briand Georges , Plat Jean-Jacques: voies ferrées entre Ploermel et Messac dans le Morbihan
  13. Pierre 413 : Mendes-Caldas Jacques (Sgt) , Harbinson Frederic , Serra Jean: voies ferrées entre Ploermel et Messacen Ille et Vilaine.
  14. Pierre 414 : Larralde Gualberto (Cne) , Hartmanshenn Jean , Navailles Gaston: voies ferrées entre Auray et Pontivy dans le Morbihan.
  15. Pierre 415 : Corta Henry (Asp) , Caporal André Bernard , Folin Françis: voies ferrées près de Loyat, (Région de Ploermel) dans le Morbihan
  16. Pierre 416 : Le grand Michel ( Slt) , Boutinot Roger , Deborre Albert: voies ferrées entre St Meen le Grand et Loudéac dans les Côtes-du-Nord
  17. Pierre 417 : Fernandez Roger (Slt) , Biernat César , Vazeille Roger: voies ferrées Loudéac et Saint Brieux dans les Côtes-du-Nord
  18. Pierre 418 : De Mauduit Henry (Cne) , Créau Noêl , Violland Armand: voies ferrées Loudéac à Carhaix dans les Côtes-du-Nord

L'action des maquis de l'Ille-et-Vilaine

Cette action fut essentiellement celle d'une armée supplétive des forces américaines engagées selon le plan "PATTON" et coordonnée dans les départements de la Manche, de la Mayenne et en Ille-et-Vilaine par le Commandant Louis Petri.

L'action des F.T.P.F. d'Ille-et-Vilaine est surtout célèbre par ses coups de main sur les prisons de Dinan le 12 avril 1944, de Vitré le 29 avril 1944, auxquels il semble qu'il faille ajouter celui de Saint-Brieuc, le 1er août 1944. Autre coup de main connu: la destruction, le 11 mai 1944 d'une trentaine de camions allemands à Fougères.
Parmi les sabotages organisés en Ille-et-Vilaine relevés sur la page web énumérant les activités des FTPF en Ille et Vilaine, on peut relever les actions suivantes conduites à partir du mois d'avril 1944:
  1. 3 avril: Libération par la force de deux F.T.P.F. emprisonnés à Dinan., et récupération de trois revolvers.
  2. 6 avril: La Chapelle-St-Melaine : Attentat contre un pylône électrique.
  3. 7 au 8 avril: Laignelet : Incendie de camions allemands.
  4. 13 avril: Déraillement sur la ligne Paris-Brest à Cesson (I-et-V.).La locomotive et une dizaine de wagons déraillent. Locomotive endommagée et plusieurs wagons de matériel détruits. Arrêt du trafic pour 24 heures environ.
  5. 15 avril: - Déraillement sur la ligne Paris-Brest à l'Hermitage. La locomotive et 15 wagons déraillent; dont la moitié totalement détruit. 400 tonnes d'avoine perdues ou brûlées. Arrêt du trafic du samedi 22 heures au mardi 18, 16 heures. Reprise du trafic sur une seule voie pendant plusieurs jours.
  6. 17 avril: Un pylône de la ligne à haute tension Pontchâteau-Rennes saute à Mordelles.
  7. 17-18 avril: à Dinan : Attaque à main armée des gardes du pont de chemin de fer de la Fontaine-des-Eaux.
  8. 21 avril: Un pylône de la ligne haute tension Pontchâteau-Rennes saute au Rheu et un second pylône de la même ligne à Pipriac.
  9. >25 avril: Le Rheu : Sabotage de ligne téléphonique.et de la voie ferrée. Déraillement.Le Rheu et: sabotage de plusieurs pylônes de la ligne électrique Pontchâteau-Rennes.
  10. 26 avril: Attaque de voitures allemandes à Canihuel. Le siège de la L.V.F. de Rennes saute. Importants dégâts. L'agent de surveillance est désarmé. Quatre pylônes abattus dans la région Avessac-Redon. Secteur de Plouasne (Côtes-du-Nord): 2 pylônes sautent. Gare de Dinan: une locomotive endommagée par explosifs.
  11. 28 avril: Prise d'assaut par 16 F.T.P.F. de la prison de Vitré à 1 heure 15, Quatre gendarmes désarmés. 45 détenus politiques sont libérés. Javené : Sabotage de trois poteaux de la ligne haute tension alimentant la mine de Montbelleux.
  12. 30 avril: Déraillement du train de permissionnaires allemands à Noyal-sur-Vilaine.
  13. 1er mai: Tentative de sabotage de matériel à la S.N.C.F. Sabotage sur voie ferrée à Laillé. Incendie de camions allemands à Laignelet.
  14. 2 mai: Attentat contre des pylônes électriques à La Chapelle-St-Melaine.
  15. 3 mai: Attentat à la bombe contre la maison de Coignet Léopold à Dinard.
  16. 5 mai: Messac : Agression contre un train d'essence. Sabotage sur voie ferrée Paris-Brest à Cesson-Sévigné. Sabotage sur la voie Paris-Brest au Rheu. Tentatives de sabotage de matériel à la S.N.C.F
  17. 11 mai: Sous les ordres du lieutenant Guy Bélis, les F.T.P. attaquent à Fougères, en quatre groupes, quatre garages remplis de camions allemands, en détruisent par l'incendie une trentaine et brûlent l'essence, l'huile et le matériel de réparation.
  18. 14 mai: Sabotage de la voie Ploërmel-La-Brohinière à Gaël.
  19. 22 mai: Sabotage de pylônes ligne Pontchâteau-Rennes au Rheu.
  20. 29 mai: Récupération de tickets à Bourgbarré.
  21. 30 mai: Fougères : Incendie de 4 garages allemands.
  22. 5 juin: Récupération de carburant et d'explosifs à Louvigné-du-Désert.
  23. 6 juin:
    1. Déraillements effectués en vue d'isoler les divisions blindées allemandes cantonnées dans la région de Ploërmel-Guer (Morbihan),
    2. ligne de Ploërmel-La Gouesnière; ligne de Ploërmel-Guer; ligne de Ploërmel-Malestroit; Ligne de Messac-Guer.
    3. Ligne de Messac-Redon. - Ligne de Messac-Châteaubriant. Un seul de ces déraillements a échoué. Un F.T.P.F., Louis Mazan est tué au cours d'un engagement avec les Allemands.
  24. 9 juin: Ligne de Rennes- Redon, pont de Droulin, 44 mètres de voies déboulonnées, jetées dans le canal. Une locomotive reste encore sur le pont. Le 29 juin, la circulation n'était pas encore rétablie.
  25. 13 juin: Un camion attaqué sur la route de Rennes : Un Allemand tué; un autre blessé.
  26. 15 juin: Un camion attaqué route de Renac. Une voie saute sur la ligne de Beslé à Massérac.
  27. 16 juin: Récupération de chaussures au Grand-Fougeray.
  28. 10 juillet: Déraillement du train de permissionnaires allemands à Noyal-sur-Vilaine; bilan : 200 morts et blessés. La collision provoquée par un train venant en sens inverse, dégâts considérables. Arrêt de trafic pendant 73 heures. La circulation des trains ne reprendra que sur une seule voie.
  29. 14 juillet:
    1. Attaque à la grenade par Jules et Roger Fontaine de la Feldgendarmerie de Fougères: un officier allemand tué et 12 Feldgendarmes blessés.
    2. Déraillement dans le tunnel de St-Senoux: Importants dégâts. 48 heures arrêt de trafic. 7 wagons et une locomotive endommagés.
    3. Déraillement d'un train de marchandises à l'Hermitage : 13 wagons détruits ou endommagés, locomotive détruite. Interruption du trafic : 4 jours.
    4. Déraillement à Pléchatel-Saint-Senoux: 16 wagons détruits ou endommagés. Arrêt du trafic pendant 48 heures.
    5. Déraillement à Cesson-Sévigné wagons détruits ou endommagés. arrêt du trafic pendant 48 heures.
    6. Mise hors d'état de service de la grande ligne à haute tension Pyrénées-Bretagne, ceci pendant plusieurs mois. 25 pylônes détruits.
    7. Destruction de transformateurs de la Centrale de Saint-Brice-en-Coglès: un 60 000 volts détruit et un autre endommagé.
    8. Destruction de 30 camions allemands, 10 moteurs d'avions prêts à être mis en service aux garages Opel, à Fougères.
  30. 15 juillet: parachutage d'armes à Drouges.
  31. 16 juillet: Parachutage d'armes à Vieux-Vy-sur-Couesnon.
C'est justement vers la mi juillet que le commandant Pietri a réussi à faire passer des guides FTP (qui seront au total au nombre de 23) à travers les lignes allemandes entre Coutances et Saint-Lô. Interrogés par les services de renseignement américains, ces FTP ne se contentent pas de leur livrer des renseignements sur la localisation et la composition des troupes allemandes sur le front, mais leur font comprendre que la ligne de défense allemande n'est plus continue. Il était clair pour les alliés qu'il restait plus qu'à donner un coup de boutoir pour enfoncer ces lignes et préparer et exploiter la percée escomptée par une attaque blindée puissante qui sera confiée au meilleur spécialiste américain en la matière: le général PATTON. Telle sera la mission affectée à la troisième Armée US commandée par PATTON: exploiter l'opération "Cobra" du 25 juillet 1944 qui avait été remise à plusieurs reprises.

A partir de ce moment, et jusqu'au 3 août 1944, des guides FTPF sont mis en place au niveau des unités de reconnaissance américaines en particulier lors des offensives Coutances-Avranches puis Avranches-Rennes qui ont suivi l'opération COBRA. 50 guides seront en outre mis en permanence à la disposition des forces de reconnaissance américaines dans.le Sud du département de la Manche

Les FTPF d'Ille-et-Vilaine, qui perdont 90 hommes durant cette période, feront au cours de ces actions coordonnées avec l'armée américaine, plusieurs centaines de tués et de blessés et quelques 1.500 prisonniers. Ils détruiront 300 camions et deux chars et récupéreront un important matériel et du ravitaillement. Il faut également inscrire au crédit des sabotages de la Résistance d'appréciables retards dans les déplacements des unités allemandes vers le front Normand. Seules ont pu parvenir dans le Cotentin les deux divisions parachutistes stationnées en Bretagne et l'équivalent d'une division d'infanterie, en grande partie fournie par la 319ème division d'infanterie

Blietzkrieg en Bretagne

A partir du moment où les Américains ont compris que les Allemands ne pouvaient plus opposer à leurs troupes un front parfaitement continu, les alliés et leur chef, le général Dwight D. Eisenhower n'ont plus eu qu'une idée en tête: percer avant que les renforts de la quinzième Armée n'interviennent sur le front normand. Une offensive à l'Ouest coupant en deux la zone dévolue à la septième armée les intéressait d'autant plus qu'ils escomptaient faire main basse sur les ports bretons pour accélérer le débarquement des forces du corps expéditionnaire allié dont les moyens de débarquement étaient si limités que quelques 110 unités de la 3ème Armée étaient encore en attente d'affectation et d'équipement en Angleterre au début du mois d'août 1944. Or, l'opération "Dragon" du débarquement dans le Var requerrait d'envoyer à Alger des liberty ships, notamment en version transports de chars pour réussir le débarquement ^programmé dans le Var.

La percée d'Avranches après l'opération Cobra

Carte extraite de "Crusade in Europe", par Dwight D. Eisenhower
A cet égard, voici les directives qui avaient été données pour le 1er août 1944 à la troisième armée US dont le général PATTON prenait le commandement le jour même, à la suite d'une réunion tenue, au lendemain de l'Opération "Cobra" sous la direction du général Omar Bradley, au quartier général de la 3ième Armée américaine près de MUNEV1LLE LE BINGARD, cinq milles de nord-ouest de COUTANCES:
"La mission de l'armée était de parvenir au sud et au sud-ouest du nœud de communication d'AVRANCHES et de sécuriser les secteurs de RENNES et de FOUGERES, pour tourner l'ouest afin de capturer la péninsule bretonne, de contrôler les ports bretons et d’être préparé pour de nouvelles opérations à l'est. Deux problèmes ont été soulevés. Le premier était de maintenir ouvert le couloir entre les rivières de la SEE et de la SELUNE contre les contre-attaques ennemies. Le second, d'exploiter la percée déjà obtenue.
"Le Commandant de l'armée a ordonné au VIIIème Corps (les 8ème et 79ème Divisions d'infanterie et les 4ème et 6ème Divisions blindées) de poursuivre leur avance à l'ouest, d'anticiper et occuper BREST et le secteur de QUIBERON. Les éléments du XVèmeCorps (les 83ème et 90ième Divisions d'infanterie et la 5èmeDivision blindée) ont reçu l’ordre de progresser vers le Sud, zone qui leur a été assignée, en se coordonnant avec les VIIème corps (de la première armée américaine)et le VIIIème Corps. Le XXèmeCorps (la 2ème Division blindée française, qui débarquait le 2 août) ont reçu l’ordre de se déplacer vers le Sud, à partir de FOUGERES. Le XIIème Corps (en l'occurrence réduit à la 80ème Division d'infanterie qui venait de débarquer) a reçu l’ordre de préparer les troupes de la 3ème Armée des États-Unis arrivant sur le continent à se déplacer vers le Sud sur ordre. Le Commandement de la XIXème Force aérienne tactique devait fournir l'appui aérien. Les forces de résistance françaises dispersées en Bretagne, fortes approximativement de 30.000 combattants armés, sont passées sous le commandement de la 3ème Armée. Connues officiellement comme forces Françaises de 1'Intérieur, divers groupes ont été chargés de la mission immédiate de protéger la voie ferrée de Brest (V99) le long de la côte du nord de la péninsule, d’occuper les hauteurs au Nord de VANNES, de fournir des guides pour les principaux éléments de la 3ème Armée U.S., et d’intensifier les actions courtes de gerrilla dans l'ensemble du reste de la Bretagne. "Les chasseurs-bombardiers de la XIXème force aérienne tactique ont été cloués au sol par le mauvais temps couvrant leur base jusqu'à la fin de l'après-midi, avant de pouvoir fournir une couverture aérienne aux colonnes blindées et d’assurer des reconnaissances armées."
Les premiers éléments de reconnaissance des unités blindées américaines apparurent dès le 1er août 1944 dans le département d'Ille-et-Vilaine cependant que, dès le lendemain soir, des éléments de la 5ème division blindé, assemblée à LOUVIGNE-DU-DESERT occupaient Fougères et les noeuds routiers environnants jusqu'à sa relève par la 83ème Division d'infanterie U.S.

Le même jour, était constituée La Task force « A » (souvent appelée improprement la Task Force Anderson en France) avec la 1ère brigade de chasseurs de chars, les 2nd et 15ème groupe de cavalerie, le 6ème groupe de chasseurs de chars, le 705èmebataillon de chasseurs de chars, le 159ème bataillon d’ingénieurs de combat et la 509ème compagnie d’ingénieurs de Pontons légers commandé par général de brigade Herbert L. Earnest. Sa mission spécifique initiale: "chasser l'ennemi de la route nord de la Bretagne menant à Brest et sauvegarder la voie ferrée Paris-Brest.



Sources:
  1. "Histoire de la Libération de la France" (juin 1944-mai 1945) de Robert Aron, édition librairie Arthème Fayard (chapitre IV-Libération de la Bretagne).
  2. Le maquis de Broualan.
  3. Le Commandant Louis Petri.
  4. Le maquis de Saint-Yvieux.
  5. Order of battle - OB West, 6 June 1944 (Hyperwar).
  6. Deutsche Situation in der Normandie im Jahr 1944.
  7. Mémoire de guerre
  8. L'activité des FTPF en Ille-et-Vilaine
  9. "World war II: official army history" (archives du service Histoire du Pentagone), "Third Army, after action reports".
  10. "Les opérations en Europe du Corps expéditionnaire allié" par le Général Dwight D. Eisenhower, Editions Berger-Levrault (p. 74 et suivantes).
  11. BREAKOUT AND PURSUIT (chapitre XXI) par Martin Blumenson pour le compte du "CENTER OF MILITARY HISTORY UNITED STATES ARMY WASHINGTON, D. C., 1993
  12. "Crusade in Europe" par Dwight D. Eisenhower, (Edition de 1948, Doubleday & company, inc,garden City, New York)
  13. La bataille de Pleurtuit: la stèle de la ferme de la Vieuville
  14. "Les F.F.I. en Ille-et-Vilaine".


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dernière mise à jour le 7 mars 2009.

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