Page 1
page index

Page 2

Page3

Page4

Page5

Page6


Comme les hommes, les peuples qui oublient leur histoire cessent d'exister!


Plan des pages consacrées au département de la Manche

Pour naviguer dans les pages du département, cliquer d'abord sur la page à consulter
Page 1:
page 2:
page 3:
page 4:
page 5:
page 6:
page 7:
page 8:
page 9:
Les Mouvements de résistance,
La Mission Helmsman,
La préparation du débarquement dans la Manche,
L'entraînement des troupes d'assaut de la Force U,
Les bombardements de l'artillerie lourde côtière,
L'entrée en lice de la 101ème Airborne en Cotentin
l'épopée de la 82ème Airborne,
Sainte-Mère-l'Eglise, première commune libérée...
La longue marche des 507ème et 508ème R.I.P.
L'assaut d'Utah beach,
La bataille de Sainte-Mère-Eglise
La conquête d'Isigny,
La libération de Carentan
La consolidation de la tête de pont d'Utah beach,
La neutralisation des batteries côtières,
L'isolement du Nord Cotentin,
L'isolement de Cherbourg,
La capture et la libération de Cherbourg
L'enfer sanglant de la bataille des haies,
La tête de pont entre la Taute et la Vire,
L'attaque vers Périers,
La contre-attaque allemande.
La Bataille de Saint-Lô,
La colline de Martinville,
La colline 122,
La légende du Major Thomas D. Howie,
La préparation de l'opération Cobra
L'attaque ratée du hameau de La Varde,
La défaite de Saint-Germain-sur-Sève,
L'opération Cobra,
Les bombardements aériens de Cobra,
L'attaque de l'infanterie américaine,
La libération d'Hébécrevon,
La diversion sur le flanc gauche,
La percée américaine
l'élargissement
de la brèche de Cobra,
Le piège se referme,
La poche de Roncey,
L'oeuf d'oie
de Bradley,
L'attaque alliée à
l'Est de la Vire,
4 jours de combat,
du XIXème Corps,
La bataille de
Moyon-Troisgots,
Ruée sur Avranches
La Directive n° 1
du Gl Bradley,
La capture de Brécey,
et celle de Coutances,
Objectif Avranches,
Les points de passage
vers la Bretagne,
sous contrôle,
Les batailles de Mortain,
La capture de Mortain,
La 1ère bataille de Mortain
La 1ère bataille de Mortain (suite),
La conception de l'encerclement
des forces allemandes,
Le dilemme allemand,
La fin piteuse de
la bataille de Mortain
La 3ème Armée US
dans la Manche

Résistance, Maquis et Libération du département de la Manche (suite de la page 1)

Si la 101ème Airborne était chargée d'occuper la Douve et ses ponts jusque vers Saint-Come du Mont, le 501ème R.I.P. (Col. Howard R. Johnson) moins son 3ème bataillon devait occuper le verrou de la Barquette et de faire sauter le pont du chemin de fer.

Le Colonel Johnson, commandant du 501ème R.I.P. a eu la bonne fortune d'atterrir à proximité de sa zone de largage et il a progressé immédiatement vers la Barquette, à la tête de quelque 150 hommes relevant de diverses unités mélangées pour accomplir sa mission. Avant même que l'ennemi ait été alerté, une partie de ses forces occupait le verrou et s'enterraient autant que faire se peut.

C'est ainsi que la 101ème Airborne a complètement rempli sa mission poussant même des reconnaissances aux alentours de la Barquette et s'est installée solidement en attendant les troupes de renfort sur ce secteur clé indispensable pour conquérir CARENTAN alors que la 6ème Division parachutiste allemande était encore largement au Sud et attendait les ordres de son commandant. Il faut dire que cette unité connaissait mal le terrain qu'elle était censée défendre, ayant été récemment déplacée probablement en mai depuis la zone d'Abbeville dans la Somme où elle s'était constituée et avait réalisé son entraînement...

L'épopée de la 82ème Airborne Division(10)

D’après le plan révisé du 28 mai 1944, la 82ème D.I.P (plus connue sous le nom de 82ème Airborne division) de Ridgway avait pour mission de sauter de part et d’autre du Merderet, de libérer l’espace entre la partie occidentale du secteur de tête de pont entre la mer et le Merderet et la Douve au nord de Sainte-Mère-Eglise, et d’établir une tête de pont sur la rive ouest du Merderet. Un régiment de parachutiste (le 505ème) devait capturer Sainte-Mère-Eglise, capturer les ponts du Merderet près de La Fiere et Chef-du-Pont, et établir une ligne défensive au nord de Neuville-Au-Plain jusqu’à Beuzeville-Au-Plain pour rejoindre le 502ème R.I.P. de la 101èmeAirborne. Les deux autres régiments (507ème et 508ème), largués à l'ouest du fleuve, devaient consolider les deux têtes de pont du 505ème et établir une ligne défensive d’environ trois miles à l’Ouest Merderet et délimitant une zone de drop d'environ trois miles au sud, aux carrefours juste à l'ouest de Pont-L’Abbé et s’étendant au Nord suivant un arc traversant Beauvais. Le 507ème Régiment d’Infanterie parachutiste défendrait le cours de la Douve, en détruisant les ponts à Pont-l'Abbe et à Beuzeville-La-Bastille. Enfin, les deux régiments devraient se préparer à attaquer à dans la direction de Saint-Sauveur-le-Vicomte.

Les zones de largages de la 82ème Airborne Division dans la nuit du 5 au 6 juin 1944
Cette carte est extraite de "CROSS-CHANNEL ATTACK", by Gordon A. Harrison cf note 8.
Pour mieux l'apprécier la lire sur zoom image.

Sainte-Mère-l'Eglise, première commune libérée de la France continentale

L'un des succès à inscrire au palmarès de la 82ème Airborne Division est imputable au parachutage presque parfait du 3ème bataillon du 505ème R.I.P. au nord-ouest de son objectif parfaitement marqué par les éclaireurs. Toutefois, quelques parachutistes américains en fin de stick ont dévié de leur trajectoire en atterrissant au beau milieu du village et à proximité d'un incendie. Ils ont été massacrés par la petite garnison présente qui ne parait pas avoir fait de prisonniers, au su de leurs frères d'armes qui avaient pu éviter d'atterrir dans la cité. Comptant sur l'effet de surprise et sur l'ordre de leur chef, le Lt-Col. Edouard C. Krause, les hommes ont mis bas les sacs à l'orée du village et l'ont investi en silence armés seulement de quelques grenades, de leurs baïonnettes (les baïonnettes américaines étaient à double tranchant) ou de leur couteau de combat, dans le plus parfait silence. C'est ainsi qu'ils se sont rendus maîtres de Sainte-Mère-L'Eglise vers 4 heures, juste avant l'atterrissage des 52 planeurs de la mission " Detroit, " en égorgeant une dizaine d'Allemands passant à leur portée et en faisant une trentaine de prisonniers.

Après avoir coupé toutes les lignes téléphoniques vers Cherbourg, les hommes de Krause ont établi une défense périmétrique tandis que le 2ème bataillon (Lt Col. Benjamin H. Vandervoort) établissait, avec seulement la moitié de ses hommes, une ligne de défense régimentaire passant par Neuville-Au-Plain et Bandienville.

À 09h30, l'ennemi a contre-attaqué à Ste-Mère-l’Eglise par le sud et le Col. William E. Ekman, Commandant du Régiment, a ordonné au 2ème bataillon de revenir prêter main forte à la défense de la cité. Avant de revenir, le Lt-colonel Vandervoort a détaché un peloton sous les ordres du Lt Turner B. Turnbull et l'a envoyé organiser une défense à Neuville qui devait être légèrement tenue par l'ennemi. Turnbull a tranquillement déployé ses hommes sur une hauteur au nord de la ville. A peine étaient-ils solidement retranchés que l'ennemi attaquait avec une force nombreuse à cinq environ contre un. Ce peloton a combattu obstinément et pendant huit heures a tenu le terrain, 16 hommes seulement sur 42 rejoignant leur bataillon. Or, ce sacrifice avait verrouillé l'accès nord à Saint-Mère-l'Eglise pendant que leurs frères d'armes du bataillon se retranchaient au Nord de la ville.

Grâce à quoi, le Lt-colonel Krause a pu repousser l'attaque ennemie, exécutée en force par environ deux compagnies soutenues par quelques blindés, qui ont atteint le haut de la route de Carentan. Une contre-attaque a permis à la compagnie I de détruire à la grenade un convoi ennemi sur la route, l'ennemi n'entreprenant dès lors plus aucun autre effort sérieux pour reprendre la cité. Or, c'est grâce à cette rapide occupation de Sainte-Mère-L'Eglise que la 82ème Airborne a pu exécuter la suite de ses opérations le long du Merderet.

La longue marche des 507ème et 508ème R.I.P
pour établir la tête de pont à l'Ouest du Merderet

Les zones de largage des 507ème et 508ème R.I.P. dans le triangle au confluent de la Douve et du Merderet d’environ douze miles carrés et le long du périmètre extérieur de la tête de pont avait été prévues par le VIIème Corps. Malheureusement, la présence de troupes ennemies dans les zones de largage prévues avait empêché les "parachutistes pathfinders" d’effectuer les marquages. Et les pilotes ont, hélàs, largué un peu au hasard, la quasi totalité des parachutistes des deux régiments dans les marais bordant la rivière.

Les parachutistes, qui avaient perdu en général leurs armes collectives qu'ils ont vainement cherché à récupérer à tâtons dans les marais, se sont donc logiquement rassemblés le long du versant sud du remblai de la voie ferrée Carentan-Cherbourg, et ont été pris à partie dès le jour par l'artillerie ennemie venant de l'ouest du Merderet, contraignant les quelque 500 à 600 hommes rassemblés à se diriger vers le pont de La Fiere. Mais le groupe de reconnaissance de ce pont a été repoussé après avoir été accueilli par un tir de mitrailleuse.

Il ne restait plus alors qu'à prendre le second pont, celui de Chef-du-Pont, qui, lui, n'était pas alors défendu... C'est alors que le Général Ridgway, qui avait été parachuté avec le 505ème R.I.P., a ordonné au Col. Roy Lindquist, Commandant le 508ème RIP, d’organiser plusieurs groupes de combat et de prendre le pont.

Dans le même temps à l'ouest du fleuve, une cinquantaine d'hommes du 2ème bataillon, du 507ème R.I.P. s'étaient rassemblés sous les ordres du Lt-Col. Charles J. Timmes. Timmes avait traversé Cauquigny, un hameau à l'extrèmitéOuest de la chaussée de La Fiere.

Pris à partie alors que ses hommes progressaient vers Amfreville, il a eu l'idée de confier une précieuse mitrailleuse à un peloton de dix hommes pour établir une position permettant de dominer l’extrèmitéouest de la chaussée de La Fiere... dans le clocher de l'église de Cauquigny.

À midi, les forces rassemblées autour de La Fiere ont subi une attaque coordonnée de trois compagnies allemandes. En deux heures, la compagnie sous les ordres du capitaine F.V. Schwarzwalder a réussi à les vaincre en portant une attaque à travers la chaussée, et a rétablir le contact avec la patrouille de Timmes. Cet avantage n'a toutefois pas été exploité plus avant.

L'ennemi a essayé de poursuivre son avantage avec des attaques à travers la chaussée, et les Américains ont du rappeler la plupart des troupes envoyées auparavant pour sonder les défenses allemandes des pont au sud de la rivière. Alors que le pont de La Fiere avait été gagné puis perdu, la tentative de traverser à Chef-du-Pont, à presque deux miles au sud, transformait provisoirement ce pont en verrou, car un petit nombre d'Allemands s'étaient retranchés le long de la chaussée résistant tenacement à tous les efforts pour les déloger. Tard dans l'après-midi, alors que la plupart des parachutistes américains avaient été rappelée pour renforcer la position de La Fiere, le peloton sans effectif complet abandonné à Chef-du-Pont, sous le commandement du capitaine Roy E. Creek était menacé d'annihilation par une contre-attaque ennemie.

Sous le feu direct d'une pièce de campagne lourde sur la rive opposée et menacée par l'infanterie allemande rassemblée pour une attaque vers le sud, la position de Creek semblait désespérée. Quand un planeur contenant un canon antichar a atterri fortuitement. Grâce à ce canon l'ennemi a été tenu à distance tandis qu'une centaine de parachutistes, ont chassé les Allemands jusqu’à la rive est, ce qui leur a permis de se retrancher sur l'autre rive de la rivière. Cette position n'a portant pas été non plus conservée.

L'amorce de la tête de pont a finalement été établie par le colonel Shanley, parachuté près de Picauville, à la tête d'une petite force de parachutistes, insuffisante pour réaliser son objectif de détruire le pont sur la Douve à Pont-l'Abbé. Il a essayé dans la journée de joindre d'autres groupes proches avec lesquels il avait eu un contact par radio. Mais sous la pression ennemie, il n'a pu effectuer aucune jonction. Quand il s'est aperçu qu'il était engagé par au moins un bataillon, il s'est retiré de la zone de rassemblement de son bataillon pour se retrancher sur la colline 30.

En fait, des éléments Allemands, du 1057ème régiment d'infanterie, avaient occupé de jour l'est cette zone, la plupart du temps de jour pour contre-attaquer afin d'éliminer les parachutistes américains à l'ouest du Merderet. La résistance de colonel Shanley a certainement aidé au sauvetage des forces américaines à La Fiere et Chef-du-Pont. Une fois fermement établi avec ses hommes sur la colline 30, il a formé un avant-poste lui permettant de contrer les attaques allemandes et quelques jours plus tard, sa position devait contribuer substantiellement à établir la tête de pont à l'ouest du Merderet. Trois engagés volontaires, le Caporal T. Roberts, le Pvt. Otto K. Zwingman, et le Pvt. John A. Lockwood, qui ont été faits prisonniers sont restés à leurs postes sur un bâtiment du Haut Gueutteville en retenant l'attaque ennemie estimée à un bataillon appuyé par un char pendant deux heures en permettant à leur camarades sur la colline 30 d'établir un retranchement circulaire. La Distinguish Services Cross leur a été décernée à titre posthume.

Il paraît indispensable de rappeler que cette résistance opiniâtre de la 82ème Airborne Division a pu s'opérer d'une part, grâce aux haies bordées de fossés du Nord Cotentin, et d'autre part, grâce au sabotage des lignes téléphoniques réalisé par le groupe de résistants qui se sont réfugiés à Beaucoudray(1).

"Sur la lenteur générale de la réaction allemande dans le Cotentin, rapporte le document officiel dressé par Gordon A. Harrison (10), il semble y avoir plusieurs explications. En premier lieu, deux des commandants des trois divisions, von Schließen et le Generalleutnant Wilhelm Falley (de la 91ème Division), ainsi que certains des commandants subalternes, étaient à Rennes afin de participer à un Kriegspiel quand l'invasion a frappé. Von Schließen n'est pas retourné à son QG près de Valognes avant midi. Falley à son retour a été tué par des parachutistes. À l'incertitude provoquée par l’absence des commandants s’est ajoutée la confusion des communications coupées. "Von Schließen, par exemple, pendant la journée n'a eu aucun contact avec deux de ses bataillons en plein combat, le 1er bataillon, du 919ème régiment, dans la région d'UTAH, et le 795ème bataillon géorgien près de Turqueville. C’est en essayant de contre-attaquer contre les fusiliers US dispersés que les Allemands ont éprouvé les mêmes difficultés dans le pays des haies bordées de fossés que les Américains ont subi plus tard. Enfin le QG du LXXXlVème Corps, à Saint-Lô, n'a pas pu exercer un commandement efficace et coordonner l'action des trois divisions dans la péninsule. En outre, des communications n'ont pas été installées pour permettre aux commandants de division d'effectuer leur propre coordination."
Pour illustrer le désordre que le sabotage des lignes téléphoniques avait provoqué dans le commandement allemand, le service historique du Pentagone cite encore le cas, assez savoureux, du Major Friedrich-August Freiherr von der Heydter, à la tête du 6ème régiment parachutiste dont le Poste de commandement était installé à Périers.
" L'expérience du 6ème régiment parachutiste illustre la confusion saisissante et le manque de coordination des réactions allemandes initiales et jette une lumière étrange sur les batailles du D-day dans le Cotentin. Le commandant du régiment, le major Friedrich-August Freiherr von der Heydte, était à son poste de commandement au nord de Periers quand les parachutages alliés ont débuté. Mais les lignes téléphoniques entre la 91ème Division et le LXXXIVème Corps étaient coupées pendant la nuit par l'action de la résistance française. Ce n’est qu’aux environs de 06h00 que Von der Heydte a pu atteindre le Général Marcks au QG du LXXXIVème Corps par une ligne privée et obtenir ses ordres, qui étaient d'attaquer avec son régiment par Carentan et de nettoyer le secteur à l’arrière de la 709ème Division entre Carentan et Sainte-Mère-Eglise. Von der Heydte est arrivé dans Carentan le matin et n'a trouvé aucune troupe alliée et très peu d'Allemands. Il est alors monté dans le clocher de l'église de Saint-Come et a regardé autour. L'image qu’il avait devant lui était, a-t-il dit, accablante.

" Il pouvait voir la Manche et l'armada des bateaux alliés, couvrant la mer jusqu’à l'horizon. Il pouvait voir des centaines de petite barge de débarquement accostant habilement au rivage et déchargeant des hommes et des tanks et de l’équipement. Cependant, malgré tout cela, il n'avait pas l’impression d'une grande bataille en marche...."
À la fin du D-day, la 82ème airborne division a été fortement retranchée autour de Sainte-Mère-Eglise; mais également périlleusement située en dehors de la tête de pont principale du VIIème Corps. Elle n'avait aucun contact avec les 101ème DIP ou la 4ème DI. Elle rassemblait seulement une fraction de ses propres hommes. Les renforts maritimes prévus n'étaient pas arrivés. Les renforts en planeurs (la 325ème infanterie de planeurs) ne devaient pas arriver avant le lendemain matin.
L'infanterie de planeurs, une arme
qui a surpris le Commandement allemand
Ce document est extrait de "CROSS-CHANNEL ATTACK",
par Gordon A. Harrison (cf note.8)
Les Allemands sont les premiers à avoir utilisé les planeurs comme
arme d'attaque supplétive aux commandos parachutistes. Mais ils
n'avaient pas imaginé que les Américains les utilisent pour trans-
porter des régiments entiers prêts à combattre dès leur atterrissage.
À la fin du jour, la division a signalé qu'elle commandait seulement 40 pour cent de son infanterie de combat et 10 pour cent de son artillerie

Pour l'ensemble des deux divisions parachutées, un rapport a expédié au VIIème Corps une première évaluation indiquant un nombre total de blessés d'environ quatre milles.(A midi le 8 Juin, the division rapportait encore un effectif de 2.100 hommes un peu moins du tiers de ses forces combattantes). Une partie de ces derniers, cependant, étaient des parachutistes absents, dispersés loin et profondément en territoire ennemi. Les calculs révisés en août 1944 ont établi les pertes du D-day à 1.259 hommes comprenant 156 tués reconnus et 756 disparus, présumés capturés ou tués.(Mais on sait qu'un nombre inconnu de parachutistes de la 82ème Airborne ont été noyés et ensevelis dans les vasières du Merderet et ces derniers ne bénéficient pas même d'une plaque commémorative témoignant de leur courage).

L'assaut d'Utah beach(10)

La Force U, qui rassemblait les unités du VIIème Corps en vue de l'assaut d'Utah beach, était concentrée dans la zone de "Tor Bay" à l'Est de Plymouth. Ses bateaux furent chargés les premiers à partir du 30 mai 1944 le plus souvent à Plymouth, Dartmouth, Tor Bay, Torquay, Poole, Salcombe, Brixham, et Yarmouth. ils étaient répartis en 12 convois pour la traversée de la Manche dont la progression dépendait de leurs missions, de leurs points de concentration et de leur vitesse. Tous les hommes ne pouvaient quitter leur bord, ne pouvaient communiquer avec l'extérieur et leur courrier était bloqué.

Le 4 juin, une partie des bateaux qui étaient déjà en mer, a été rappelée à cause du report de 24 heures de l'assaut par suite de la météo. C'est le 4 juin 1944 à 21h45 qu'Eisenhower a pris la décision de lancer l'assaut pour le 6 juin ayant le choix entre lancer l'assaut en bénéficiant d'une accalmie le 6 juin qui permettait les tirs de protection de l'artillerie navale ou un report de Neptune au 19 juin 1944. On verra plus loin que le Commandant suprême des forces alliées a eu raison puisque, du 19 au 23 juin 1944 a sévi dans la Manche une tempête sans précédent qui aurait contraint à un report du débarquement en juillet!...

Au demeurant, cette décision a surpris complètement le commandement allemand dont les prévisions météorologiques prévoyaient un débarquement quasi impossible ce jour là, malgré le lancement des messages alertant la résistance française dont certains d'entre eux étaient parfaitement décryptés par l'Abwehr. Mais justement, plusieurs alertes délibérément fausses avaient été déclenchées au mois de mai précédent, très beau cette année là, et dans le secteur de la VIIème Armée allemande, aucun bulletin d'alerte n'avait été émis alors que celui de la XVème Armée avait été mis sur pied de guerre. Le maréchal Rommel s'en fût donc le cœur léger à son domicile d'Herlingen sur le chemin d'Obersalzburg, où il devait rendre visite à Hitler.

Un convoi de LCI approchant des côtes françaises
Ce document est extrait de "CROSS-CHANNEL ATTACK", by Gordon
A. Harrison cf note 8.
Toujours est-il que quelque 54.000 hommes de la première vague d'assaut à bord de 5.000 navires prirent la mer le 5 juin afin d'atteindre les plages de débarquement par une forte houle (des vagues hautes de 5 à 6 pieds, c'est à dire de 2 mètres) et des vents variant de 25 à 30 noeuds, couverts par des chasseurs opérant à une altitude moyennement basse entre 3.000 et 5.000 pieds.

A environ 02h30, le Bayfield, bateau du QG de la Force U (Amiral Don P. Moon) et du VIIème Corps (Major Général J. Lawton Collins), jeta l'ancre dans la zone de débarquement d'UTAH Beach, précédant de 20 minutes l'Ancon, le bateau amiral de la force O du Vème Corps.

Alors que la flotille de vedettes lance-torpilles de Cherbourg devait renoncer à sortir de la rade à cause du mauvais temps, les batteries côtières allemandes ont, les premières, ouvert le feu sur l'armada alliée vers 5h35 de manière assez sporadique. Vers 5h50 les canons des vaisseaux de guerre de la Force 125 leur retournent un tir roulant d'artillerie navale tandis que 360 Marauders B24) du 9ème Bomber Command tentent d'attaquer les fortifications de la plage en visuel. Seul 293 Marauders largueront leurs bombes, 67 des bombardiers assaillants n'y voyant goutte, sans doute pas seulement en raison du mauvais temps mais du bombardement naval. Le bombardement des Marauders sera sans grand effet sur les défenses actives de la plage, mais, en revanche, détruira beaucoup de mines antichars et anti-personnels facilitant ainsi la progression des troupes d'assaut.

Ce sont certainement les tirs provenant des navires de guerre qui, après l'heure H, ont fait le plus de dégâts dans les défenses allemandes, en neutralisant des points clés et en cassant les contre-attaques des défenseurs et semble-t-il en neutralisant les batteries de roquettes.

Le major général Raymond O. Barton, commandant la 4ème division d'Infanterie avait prévu un premier assaut effectué sur un front de deux bataillons du 8ème R.I. (N.D.R.: il s'agissait d'un régiment d'élite dont on aura l'occasion de reparler) large de 2.200 yards auquel il avait adjoint le 3ème bataillon du 22ème R.I. après le nettoyage des ïles Saint-Marcouf soupçonnées d'héberger de l'artillerie ennemie

Mais ce bel ordonnancement, donnera tout de même lieu à pas mal d'imprévus. Un détachement de cavalerie de 132 hommes prendra donc pied sur ces îles en réalité totalement abandonnées mais très fortement piégées et minées, perdant dans l'après midi après un tir d'artillerie allemand 2 tués et 17 blessés. Quant aux deux premiers bataillons du 8ème R.I. ils débarqueront sans ennui sérieux de leur LCVP dans une eau relativement abritée.

Scène du débarquement à Utah-Beach le 6 juin 1944 (13)
Cette carte est extraite de "CROSS-CHANNEL ATTACK", by Gordon A. Harrison
cf note 8.
Sur les 32 chars DD censés accompagner la première vague d'assaut, 4 dont le L.C.T. a touché une mine ont coulé et les 28 autres ont progressé sur la plage avec un quart d'heure de retard. Finalement, le commandement s'est aperçu que, par un heureux hasard, le lieu du débarquement était à 2.200 yards plus au Sud que le point d'atterrissage prévu, là où justement les défenses allemandes étaient les moins fortes. C'est finalement le Brigadier Général Theodore Roosevelt, adjoint du Commandant de la Division, qui avait débarqué avec la première vague qui a décidé que le débarquement se ferait à partir de ce point et qui a réorganisé l'attaque à l'intérieur des terres.

Après la réduction des fortifications très légèrement défendues couvrant les deux sorties au milieu de la plage, les deux bataillons d'assaut ont commencé à progresser à travers le secteur inondé. Le 1er bataillon a traversé vers Audouville-La-Hubert ; le 2ème a obliqué vers le sud pour prendre la route de Pouppeville.

La première vague d’infanterie a été suivie par le génie et les unités de démolitions navales pour dégager les obstacles sous-marins. Tous les obstacles ont été traités à marée basse et ils étaient beaucoup plus clairsemés que prévus par le plan original prévoyant des zones d'explosion de cinquante-pieds qui avaient été abandonnées en faveur du minage de la plage destiné à la première vague d'assaut. Le travail de déminage a été accompli en une heure. Les soldats du génie ont alors fait sauter des zones dans la digue derrière la plage et les champs de mine des dégagements de plage (en utilisant les chars fléaux inventés pour cette tâche). L'opposition ennemie s’est seulement limitée à des tirs de batteries d'artillerie intermittents.

Tandis que le génie travaillait sur la plage, le 3ème bataillon du 8ème R. d’infanterie, soutenu par des chars du 70ème bataillon de chars et du 3ème bataillon du 22ème R. d’infanterie sortaient déjà de la plage. Avant l’heure H plus 3, Utah Beach avait été dégagée et les débarquements se succédaient (cette fois en marée montante) avec une régularité constante, harcelé seulement par des tirs d'artillerie ennemis sporadiques.

La situation de la 4ème D.I.U.S. au soir du 6 juin 1944
Cette carte est extraite de "CROSS-CHANNEL ATTACK", by Gordon A. Harrison cf note 8.
Pour mieux l'apprécier la lire sur zoom image.
Ce succès rapide avec un nombre extraordinairement faible de blessés sur UTAH Beach contrastait sérieusement avec les difficultés rencontrées par les vagues d'assaut américaines pendant les trois premières heures critiques de l'assaut à OMAHA Beach. Au matin du 7 juin 1944, la 4ème D.I. avait seulement des blessés légers et était donc placée dans de relativement bonnes conditions pour les attaques suivantes. Néanmoins le secteur était considérablement plus petit que celui souhaité et les efforts initiaux pour l’agrandir à l'ouest à travers le Merderet et au sud en vue d’une jonction avec le Vème Corps débarqué à Omaha Beach dans des conditions beaucoup plus difficiles. Les opérations des 7 et 8 juin 1944 du VIIème Corps ont donc été consacrées à la poursuite de la phase d'assaut pour toutes les unités...

Les seules avancées substantielles du 7 juin ont été réalisées sur le flanc nord où les deux régiments de la 4ème D.I. ont adossé l'ennemi à deux miles de ses positions fortement fortifiées à Azeville et Crisbecq. Le 12ème R.I., attaquant sur le flanc gauche à proximité de Beuzeville-Au-Plain, a atteint la pente avancée des collines entre Azeville et le Bisson où, confronté à une résistance obstinée, elle s'est arrêtée pour se réorganiser pendant la nuit. Le 22ème R.I. sur le flanc droit a progressé directement sur Crisbecq (dont le fort était doté d'une batterie navale avec des canons de 210 mm.). Il s'est déplacé rapidement vers un point entre Azeville et Dodainville où il a commencé à être exposé aux tirs des forts (le second fort t d'Azeville également bétonné était doté d'une batterie de quatre canons français de 105 mm).

Les attaques contre les forts allemands ont d'abord échoué cependant que le 3ème bataillon d’infanterie du 22ème R.I.US réussissait à nettoyer 2.000 yards au nord de la plage d'Utah en réduisant deux nids ennemis de résistance avant d'être expédié sur les positions d'Azeville-Crisbecq.

Une patrouille de la 82ème Airborne Division étant parvenue jusqu’au Général Barton pendant la nuit, les plans des opérations du jour suivant ont été coordonnés. Le matin, le 8ème R.I., sur l'ordre du Général Barton, a attaqué par l'Est le saillant de Turqueville, lui-même tenue par le 795ème bataillon géorgien. Après un combat dur, l'unité russe a parlé reddition par l’intermédiaire d’un captif russe parlant américain...

Un des blockhauss de Crisbecq
Cette carte est extraite de "CROSS-CHANNEL ATTACK", by Gordon
A. Harrison cf note 8.
Dans le même temps, les 2ème et 3ème bataillons du 8èmeR.I. attaquaient fermement au nord depuis leurs positions près des Forges, soutenus par deux compagnies du 70ème bataillon de chars. Après un sérieux accrochage à l'orée de Fauville-Ecoqueneauville par une mitrailleuse et des tirs d'artillerie, le 2ème bataillon a pris Ecoqueneauville et les bataillons ont obstinément poursuivi leur route vers Sainte-Mère-Eglise qu'ils ont atteint en pleine contre-attaque allemande. C'était l'effort ultime que le General von Schließen pouvait encore mener depuis le nord sur la tête de pont du Cotentin par le 1058ème R.I. allemand.

La bataille de Sainte-Mère-Eglise

En fait, le 1058ème R.I. venait de recevoir le soutien des 456ème et 457ème bataillons d'artillerie, du 3ème bataillon du 243ème Régiment d’artillerie (moins une batterie), du 7ème Sturm bataillon (les sturm bataillons, parfois dotés d'armes spéciales, ont été institués pendant la première guerre mondiale. Ils étaient notamment entraînés à combattre les chars et avaient au demeurant leur équivalent dans l'Armée anglaise et dans l'armée française, en particulier à Bir Hakeim), d'une compagnie du 709ème bataillon antichar avec dix canons automoteurs de 75 mm.

L'arrivée sur le terrain par l'Est de deux bataillons du 8ème R.I. a conduit le général Collins à ordonner à une Task Force du 746èmeème bataillon de chars (commandée par le Lt Col. C.G. Hupfer, elle se composait du peloton d’assaut de la compagnie B, d’un peloton de canons d'assaut, et de trois chars du QG), qui est parvenue à Ste-Mère-Eglise en début d'après-midi et dont les tanks ont suivi la route de Montebourg et ont capturé Neuville, détruisant deux canons d'assaut ennemis, faisant quelques 60 prisonniers et libérant 19 parachutistes prisonniers qui sont immédiatement passés du rôle de prisonniers à celui de gardiens de prisonniers.

Tandis que les 2 bataillons du 8ème R.I.P se déployaient dans le secteur de Sainte-Mère-Eglise accompagnés d'une soixantaine de chars du 70ème bataillon de chars d'appui, la panique commencait à s'emparer des troupes allemandes démoralisées par la présence d'autant de chars américains. Le colonel Mac-Neely du 2ème bataillon du 8èmeR.I. avait rejoint le 2ème bataillon du colonel Vandervoort's du 505ème R.I.P., dans une attaque combinée infanterie-chars pour dégager Sigevielle de la proximité de l'ennemi. Vandervoort, avec le Lt Col. John C. Welborn, le commandant du 70ème bataillon de chars, dirigeait ses chars depuis une jeep, qui remontait sur la route principale au nord de Sainte-Mère-Eglise, pendant que Mac-Neely balayait l’ennemi depuis l’Ouest. Dans l'encerclement, 300 ennemis étaient capturés ou tués. La retraite avait été ordonnée par le Général Von Schließen, qui est parvenu à déplacer le gros de ses troupes sur une ligne défensive à environ 1.300 yards au Nord de Neuville.

Von Schließen s'est concentré donc sur une ligne défensive forte barrant l'accès à Cherbourg, en y introduisant un bataillon du 919ème R.I. ainsi que le 22èmeème R.I. (243ème D. I. allemande), qui étaient arrivés au matin du 7 juin. Tous ces éléments ont formé un Kampfgruppe sous le commandement d'Oberst (colonel) Helmuth Rohrbach, commandant du 729ème R.I. allemand.

Après la poussée du 8ème R.I.US au nord des Forges, le 325ème R.I. de planeurs a débarqué dans le secteur en deux phases. Bien que dispersé et menacé par l’artillerie au sol, la majorité des planeurs a atterri là où c’était prévu. A l'origine, réserve de la 82ème D.A. le régiment a été dédoublé : un bataillon étant affecté dans la région de La Fiere pour forcer le pont et un autre bataillon a été rattaché au 505ème R.I.P. pour des opérations au nord de Sainte-Mère-Eglise. En effet, simultanément à l'attaque de Sainte-Mère-Eglise, le commandement allemand avait engagé, le 7 juin à 8 heures, une attaque avec le 1057ème R.I. allemand accompagné de quatre chars Renault contre les positions américaines à La Fière heureusement soigneusement enterrées, le char de tête étant immobilisé sur le pont. Le peloton américain de la compagnie A réduit à 15 hommes valides s'est si bien battu que les allemands ont demandé une trêve de 30 minutes pour enlever leurs blessés et qu'ils n'ont pas repris le combat après la trêve, le tout sous l'œil du général Ridgway et des commandants de division qui ont assisté à cet exploit depuis une haie éloignée des combats...
Au sud de la 82èmeairborne division, bien qu'isolées et à cours de munitions, la 101ème D.I.P. avec de petites forces du 3ème bataillon, du 506ème R.I.P. et du 501ème R.I.P. tenaient toujours leurs positions périlleuses sur la rive Nord de la Douve. Or, Von der Heydte avait envoyé le 7 juin des patrouilles à l'Est de Saint-Come-du-Mont que les quelque 800 hommes du 1ier bataillon du 6ème Régiment d'infanterie parachutiste ne parvenaient à traverser. La colonne allemande progressait au nord des marais et à l'Est de la route de Carentan, sous l'œil intéressé des parachutistes américains qui les observaient depuis Le Port et La Barquette!

Sans s'être concertés, des hommes de capitaine Shettie à Le Port, et  ceux du colonel Johnson à La Barquette ont ouvert le feu faisant respectivement quelque 250 et 350 prisonniers, le reste étant tué, à l'exception de 25 parachutistes allemands qui rallieront Carentan.

Il ne restait plus au VIIème Corps d'armée US qu'à conquérir les ponts sur la Douve pour avoir exécuté à la lettre les ordres du Haut Commandement.

La sécurisation de la tête de pont d'Utah beach

C'est dans ce but, dont la sécurité du VIIème Corps dépendait quant à la jonction finale avec le Vème Corps, que le Général Taylor a décidé dès l'après-midi du D-day d’envoyer le 506ème R.I.P. (moins le 3ème bataillon) en reconnaissance en force. En descendant la route depuis Culoville et malgré le harcèlement sous le feu de snipers, le 506ème a atteint Vierville et a conquis la ville, avant de se dédoubler avec le 1er bataillon descendant la route principale vers Beaumont et le 2ème s’écartant à gauche en direction d’Angoville-Au-Plain.

Le 1er bataillon a combattu en descendant des deux côtés la route principale vers Beaumont où il a été arrêté par deux contre-attaques ennemies. Le 2ème bataillon était lui aussi arrêté dès sa sortie de Vierville par un feu dense d'armes de petit calibre, jusqu’à ce qu'un peloton de chars moyens ait été amené et attaché au 2ème bataillon. Les chars moyens du 2ème bataillon ainsi qu'un peloton de chars légers ont été alors envoyés en appui, avançant de 1.000 yards juste à l'Est de Saint-Come-du-Mont.

Cette attaque a d'autant plus soulagé le 501ème R.I.P., qui, la veille, avait combattu d’une façon isolée et peu concluante autour des Droueries, suite à sa tentative infructueuse de pousser vers l'ouest dans Saint-Come-du-Mont, qu'il a reçu le soutien de six chars moyens du 746ème bataillon de chars auxquels avaient été ajoutés les canons du 75ème bataillon blindé d'artillerie de campagne. Le bataillon n'ayant pas pu pousser assez loin vers l'ouest pour rejoindre le 1er bataillon du 506ème R.I.P, en raison d'une défense féroce s'appuyant sur la guerre des haies, la retraite a été ordonnée pour réorganiser l'attaque pendant la nuit.

Croyant pouvoir écraser les américains, le feld maréchal Rommel a décidé le 7 juin 1944 d'ordonner le mouvement immédiat vers le Cotentin de la 17ème SS Panzer grenadier Division (au Sud de la Loire à concentrer à Avranches) et de la 77ème Division d'infanterie, auxquelles il a ajouté la 3ème Division parachutiste, elle aussi en Bretagne. La 77ème Division a commencé à se déplacer à pied réellement à partir à 15h00 tandis que le gros de la 17ème SS P.G.D. restait coincé au Sud de la Loire suite aux bombardements systématiques des ponts. Quant à la 3ème D.P., elle a réussi à faire partiellement mouvement depuis la Bretagne en réquisitionnant des véhicules privés sans attirer l'attention de l'aviation alliée.

Finelement, au matin du 8 juin le général des Fallschirmtruppen, Eugen Meindl, commandant le IIème Corps des parachutistes a démontré que les rapports de la VIIèmeème Armée allemande quant au débarquement de troupes aéroportées dans la région de Coutances étaient sans base, et ses deux divisions ont été détournées vers Saint-Lô.

Or, depuis le 6 juin 1944, l'état-major de la VIIème Armée allemande était bien en possession de l'ordre de marche détaillé du VIIème Corps d'armée U.S. capturé sur le corps d'un officier américain mort qui était sur un bateau sans équipage ayant dérivé dans l'embouchure de la Vire. Et ces plans transmis à la hiérarchie indiquaient bien Cherbourg et Saint-Lô comme objectifs immédiats des forces de Bradley. Et contre l'avis du général Dollmann, qui se suicidera après la percée américaine, l'O.K.W. et Hitler, qui se sont peut-être souvenus de la tromperie dont ils ont été les victimes avec l'opération "chair à pâté" lors du débarquement en Sicile, ont donné raison au général Meindl, tout en se cramponnant à la thèse d'un second débarquement dans le Pas-de-Calais.

La situation de la tête de pont d'Omaha les 7 et 8 juin 1944
Cette carte est extraite de "CROSS-CHANNEL ATTACK", by Gordon A. Harrison cf note 8.
Pour mieux l'apprécier la lire sur zoom image.
Or, les retards dans l'approvisonnement (un quart des 14.500 t. prévues) et dans le débarquement des troupes (retard de débarquement de 20.000 h. sur le plan) notamment à partir d'Omaha-beach ont amené le Commandement et Eisenhower à ordonner la conquête prioritaire d'Isigny (confiée à la 29ème D.I.U.S.) et de Carentan (confiée à la 101ème Division aéroportée), la 1ère Division étant chargée de la jonction avec les Anglais et d'accroitre la tête de pont au Sud (Câble, Eisenhower to Marshall, 8 Jun 44. Eisenhower Personal Files).

La conquête d'Isigny

Le soir même, l'état-major du Général Gerhardt confiait la mission de prendre directement Isigny au 175ème R.I. US appuyé par le 747ème bataillon de chars (moins la compagnie B) et gardé sur ses flans dans sa progression sur l'objectif par les 115ème et 116ème R.I.

Avançant le long de la route de Longueville-Isigny avec des chars menant les colonnes d’infanterie, le régiment a capturé La Cambe avant le jour mais a rencontré une vraie résistance à environ trois miles à l'ouest de ce village: les canons antichars allemands ont neutralisé un char devant la ville et l'artillerie en ont immobilisé six un plus loin vers l'ouest.

Malgré cela, et avec l'appui de l'artillerie navale, les points de résistance ont été débordés en ouvrant une brèche désintégratrice dans le flanc gauche de la 352ème D.I. allemande. Au point que le commandant allemand, le général Krais, a donné l'ordre de tenir les positions dans la journée pour se retirer au sud de l'Aure pendant la nuit. Mais la panique s'est abattue sur les troupes allemandes dans la zone de Grandcamp-Isigny, le 914ème Régiment étant incapable de résister efficacement sur la route à Isigny et le bataillon du 352ème régiment d’artillerie se retirant à la hâte en abandonnant ses canons sur place.

De leur côté, les 115ème et 116ème R.I. US ont brisé la résistance allemande sur le littoral et assuré le contrôle de la totalité du plateau au nord de l'Aure à la fin de la journée. Le 115ème R.I. n'a rencontré presque aucune résistance, malgré le manque de transport motorisé, ses hommes se sont retrouvés exténués et sans rations sur les rives de l'Aure. Pour sa part, le 116ème R.I., renforcé par des Rangers (les commandos américains), deux compagnies de chars et soutenu par l'artillerie d’un destroyer, a libéré les rangers, qui avaient escaladé la Pointe du Hoc la veille, avant midi avant de progresser avec difficulté vers Grandcamp.

La position de Maisy a été prise le 9 juin et le reste du secteur est passé sous contrôle américain jusqu’à la Vire. Avec cette extension, le Vème Corps U.S. avait exécuté sa partie de l’ordre du haut-Commandement de joindre les têtes de pont américaines.

La conquête et la libération de Carentan

Pour la 101ème A.D., la conquête de Carentan passait obligatoirement par celle de Saint-Come-du-Mont. Après que l’échec, le 7 juin, du 506ème R.I.P. (colonel Sink) devant le 6ème R.P. allemand, une attaque de beaucoup plus grande envergure a été montée le lendemain.
La situation de la tête de pont d'Utah beach les 7 et 8 juin 1944
Cette carte est extraite de "CROSS-CHANNEL ATTACK", par Gordon A. Harrison cf note 8.
Pour mieux l'apprécier la lire sur zoom image.
Les 1er et 2ème bataillons du 506ème R.I.P. ont été renforcés par: le 3ème bataillon du 327ème R.I. de planeurs, le 3ème bataillon du 501ème R.I.P., huit chars légers, et le 65ème bataillon blindé d'artillerie de campagne. Au même moment, le 327ème R.I. de planeurs, à l'exemple d'autres régiments de ce type de formation, qui n'avait organiquement que deux bataillons de fusiliers s'est vu adjoindre un troisième bataillon de fusiliers en cannibalisant le 401ème R.I. de concert avec les 82ème et 101ème Airborne Divisions.

Après un feu préparatoire d'artillerie suivi d'un barrage mobile (devant les troupes d'assaut), l'attaque a été déclenchée à environ 0500. Si le 327ème bataillon de planeurs s'est embourbé dans les marais bordées de haies, les hommes du colonel Ewell's sont parvenus, en dépit de la confusion, à atteindre leurs objectifs au sud de Saint-Come en 3 heures, alors que les bataillons du 506ème R.I.P. abordaient la ville par l'est et que l'artillerie pilonnait toujours fortement les défenseurs allemands (en 90 minutes, le 65ème bataillon d'artillerie de campagne blindé a tiré quelques 2.500 salves d'obus de 105 mm, hautement explosifs).

Observant que les hommes du 1058ème R.I. commençaient à retraiter en désordre à l'ouest alors qu'il avait perdu le contact avec les QG des ses bataillons du régiment, Von der Heydte a décidé de retirer ses propres unités et celles du 1058ème R.I. avec lesquelles il pouvait encore entrer en contact. Finalement, la majorité des Allemands est sortie par l'Ouest et a retraité sur Carentan en suivant l'axe du remblai de chemin de fer. Le 2ème bataillon du 6ème RP allemand a suivi le même chemin en se retirant du Nord de Saint-Come après avoir traversé la Douve à la nage sans perte sérieuse pour arriver à Carentan où le major von der Heydte, qui avait perdu déjà un bataillon de la 6ème division parachutiste, organisait la défense de la ville avec les restes du 1058ème R.I. en craignant de voir débouler les Américains depuis Isigny.

Après avoir pris le contrôle de la zone au Nord de la Douve et à l'Est du Merderet, l'état-major de la 101ème Airborne a préparé son attaque sur Carentan depuis ses quartiers en Angleterre. Mais l'attaque en tenailles ne s'est pas du tout passée comme prévu.

Pour sécuriser Carentan après sa capture, la 101ème D.A. avait la mission supplémentaire d'occuper l'éminence le long du chemin de fer à l'ouest de Carentan jusqu’aux marécages. La chaussée à partir de laquelle le 502ème R.I.P. devait attaquer était bordée par les marécages de la Douve qu'elle dominait de six à neuf pieds et comportait quatre ponts traversant la rivière, ses affluents et des canaux. Un des ponts avait été détruit par les Allemands. Sa réparation sous le feu de l'ennemi a reporté l'attaque au 10 juin dans l'après-midi par le 3ème bataillon du 502ème R.I.P. (Lt Col. Robert G. Cole)

Le piège de la ferme de Saint-Come du 9 juin 1944
Illustration extraite de "CROSS-CHANNEL ATTACK", by Gordon A. Harrison cf note 8.
Pour mieux l'apprécier la lire sur zoom image.
Les parachutistes américains ont mis trois heures pour atteindre le dernier pont barré par une porte belge, elle-même battue par un nid de mitrailleuses balayant méthodiquement la chaussée et les fossés. Malgré les tirs d'artillerie et de mortiers, il a fallu attendre minuit pour exfilter les trois compagnies engagées dans ce goulot après avoir traversé le dernier pont. Le barrage allemand des mitrailleuses était, semblait-il, logé dans une grande ferme au bord de la route qui a été prise à la baiönnette et à la grenade par Cole et par ses hommes. Les deux bataillons engagés étant épuisés, Cole a du renoncer à lancer le 3ème bataillon dans ce combat et s'est installé sur une ligne défensive, rapidement renforcée par le 506ème R.I.P. afin de résister aux contre-attaques allemandes.

Toutefois, l'aile gauche de l'attaque de la 101ème Airborne D. avait eu beaucoup plus de chance en établissant un contact ténu avec des unités du Vème Corps à l'Est de Carentan. Et de leur côté, chacun des trois bataillons du 327ème R. I. de planeur avait traversé la Douve près de Brevands, en rencontrant, lors d'une reconnaissance à Auville-sur-le-Vey, dont le pont avait été détruit, les troupes du 29ème groupe de reconnaissance et la compagnie K du 175ème R.I, dont le corps principal se déplacait vers Lison-La-Fotelaie. Dès lors, les Vème et VIIème Corps d'armée U.S. allaient pouvoir se concerter pour mener la bataille, extrêmement sauvage de Carentan dont les défenseurs, toujours commandés par le major von der Heydte, mais désormais isolés avaient reçu le renfort de deux bataillons de l’Est et du reste des défenseurs d'Isigny.

Certes, la 17ème SS Panzer Division grenadier (ou SSPDG) du Generalmajor der Waffen-SS Werner Ostendorff a reçu la mission de bloquer toute poussée alliée à l'ouest, avec l'ordre de se déplacer au sud-ouest des positions de Carentan et d'être prête à contre-attaquer au sud de la ville. Mais ces ordres étaient plus théoriques, que concrets, les premiers éléments de cette Division ne parvenant dans leur zone de concentration au sud-ouest de Carentan qu'à la fin de la journée du 11 juin, en raison du harcèlement aérien du réseau ferré et de la pénurie de carburant...tandis que la 101ème Airborne poursuivait sans relâche ses attaques concentriques autour de Carentan, en forçant ainsi le major Von der Heydte a épuiser ses munitions, au point qu'une mission aérienne allemande lui a parachuté 18 tonnes de munitions d'artillerie et d'infanterie à 7 miles au sud-ouest de Carentan dans la nuit dans la nuit du 11 au 12 juin.

Trop tard! Le 10 juin, une partie du 327ème R.I. de planeur, sous le commandement colonel Joseph Harper, avait pénétré dans la partie nord-est de Carentan, bataillant jusqu'à minuit pour contrôler toute la rive Est jusqu'à la route Carentan-Isigny, et qui, poussant son avantage, a trouvé, le 11 juin, une passerelle en partie démolie, lui permettant d'approcher également Carentan par le secteur boisé contigu au Bassin B à Flot. Le soir, la première armée a décidé de désigner un autre régiment et de coordonner les deux ailes de l'attaque en incluant toutes les unités dans une simple Task Force sous le commandement du Brigadier Général Anthony McAuliffe, commandant l'artillerie de la 101ème Division Aéroportée.

La tête de pont à Auville-sur-le-Vey a été renforcée le 11 juin par le 3ème bataillon, du 41ème R. d'infanterie blindée (2ème Division blindée US), laquelle avait juste commencé à débarquer le 9 juin. Enfin, le 12 juin, le 175ème R.I. a reçu l’ordre de reconnaître en force la région de Montmartin-en-Graignes et de conquérir deux ponts enjambant le canal de la Vire à Taute, pour raffermir le lien encore mince entre les deux corps d'armée, afin de faire face à toute contre-attaque allemande depuis le sud.

Selon un principe, qui sera souvent utilisé pendant la guerre des haies en Normandie, les attaques américaines auront lieu de préférence de nuit, après un matraquage d'artillerie et de mortiers de plusieurs heures auxquels il fallait ajouter les salves des blindés chasseurs de chars et de la marine, à haut pouvoir explosif. Les hommes du Major von der Heydte, tout au moins ceux qui sont restés pour faire plastron, qui manquaient déjà cruellement de munitions n'auront donc pas le temps de dormir: A 0200, le 12 juin, le 506ème R.I.P avançait sans trouver de résistance à sa progression.

A 0500, le colonel Sink ordonnait d'attaquer au 2ème bataillon, qui pénétrait dans Carentan malgré les tirs de barrage allemands, Pendant que le 327ème R. d’infanterie de planeur attaquait au nord-ouest en sortant des bois le long du Bassin à Flot pour pénétrer lui aussi dans Carentan et établir sa jonction avec le 506ème R.I.P. vers 7h30. Mais curieusement, il y avait peu de prisonniers, Von der Heydte s’étant retiré de la ville, la veille durant la nuit sans être vu, pour installer une ligne de la défense au sud-ouest de Carentan.

La bataille de Carentan s'était donc déplacée au sud-ouest de Carentan. Or, le système Ultra avait apporté des informations aux alliés, qui se sont révélées inexactes: une information était parvenue au Q.G. du Général Bradley évoquant une concentration forte des forces allemandes dans le secteur, comprenant la 17ème Panzer SS Grenadier Division, et la mise en oeuvre probable de trois autres divisions.

En parade à ces mouvements, Bradley a expédié le 12 juin 1944 un courrier au général Gerow lui ordonnant de déplacer un bataillon de chars et un bataillon d'infanterie blindée de la 2ème Division blindée U.S. (il s'agit d'une Task Force) dans le secteur de Montmartin-en-Graigne «qui devaient se préparer à l'action vers le sud. » Le mouvement devait être accompli immédiatement de jour et être coordonné avec le 327èmeème R. I. de planeur. En outre, Bradley a ordonné que le 116èmeème R.I. soit mis en réserve en vue d’un engagement possible sur le flanc droit du 175ème R.I. En fait cet ordre sera annulé et voici pourquoi!

A 06h30 le 13 juin, le 2ème bataillon du 66ème régiment blindé, avait rejoint le 3ème bataillon du 41ème R.d' infanterie blindée, déjà à l'ouest de la Vire, et la Task Force était prête à se déplacer au sud. Mais exactement à la même heure, Ostendorff, qui avait enfin récupéré ses canons d'assaut, a attaqué les 506ème et les 501ème R.I.P. les reconduisant à moins de 500 yards de Carentan! Le rappel à Carentan du 502ème R.I.P. a été immédiat afin de renforcer la défense du 506èmeR.I.P. Et à 10h30, la Task Force blindée est également arrivée à Carentan.



Page précédente

Page suivante






Notes sur les Sources:
  1. Page web sans titre décrivant divers actes de résistance dans la Manche et dans le canton de Beaucoudray entre juin 1940 et la fin juillet 1944
  2. La Résistance dans la Manche
  3. Suplément de "The London Gazette" of tuesday 19th october 1948 (p. 5.589). (Rapport au "War Office"de l'Air Chief Marshal Sir Rodderic Hill).
  4. "Crusade in Europe", par Dwight D. Eisenhower, chapitre 14 (pp. 238 à 239) dans l'Edition "Doubleday & Company inc" à New-York. [Cliquer sur le lien pour lire le texte original]
  5. reportages sur les sites Hénouville et d’Ardouval par des élèves de cm2
  6. Cherbourg-Brécourt.
  7. la Flague sur la commune de la Glacerie.
  8. "Les opérations en Europe", rapport du Général Dwight D. Eisenhower, Commandant en chef des Etat-major alliés, Editions Berger-Levrault, 1947 (p. 34)
  9. "La guerre secrète" ou "The rempart of Lies" d'Anthony Cave Brown, tome II (Le jour "J" et la fin du IIIème Reich) Chapitre VIII de l'Edition du Pygmalion (Paris).
  10. "CROSS-CHANNEL ATTACK" by Gordon A. Harrison, CENTER OF MILITARY HISTORY UNITED STATES ARMY (service historique du Pentagone), Washington DC, 1993.
  11. Site spécialisé sur le 6 juin 1944.
  12. Témoignages
  13. Voici les significations des abréviations des bateaux construits et utilisés le 6 juin 1944 pour le débarquement:
    a) L.C.T: Landing Craft Tanks, conçu pour deux ou trois chars capables de tirer à bord à ne pas confondre avec le L.S.T. porteur de chars dont l'étrave s'ouvre pour débarquer directement les chars sur les plages.
    b) L.C.I. Landing Craft Infantry, concus pour débarquer en général une section complète d'infanterie,
    c) L.C.A. Landing Craft Artillery, conçus pour que les canons puissent tirer avant d'être débarqués,
    d) L.C.Rokets: Landing Craft lance-Rockets ou lance-fusées.
    e) L.S.I.: Landing Ship Infantry,
    f) L.S.T.: Landing Ship Tank,
    g) L.S.F.: Landing Ship Flak (le terme désignant l'artillerie antiaérienne allemande Flak était passée dans le langage militaire courant),
    h) L.S.H.: Landing Ship Headquarters,
    i) L.S.G.: Landing Ships Guns, ces bateaux quillés étaient dotés d'une batterie d'artillerie fixe sur une seule bordée tirant vers la plage pour soutenir l'assaut des soldats,
    f) L.S.V.P.: Landing Ship Vehicules and Personal,




dernière mise à jour le 5 mai 2009.