L'origine du bombardement du château de la Caine |
Se reporter à Ultra in the West, de Ralph Bennett. |
«Quelle était la réaction du haut commandement allemand quant à l'assaut et de la pénétration rapide des défenses côtières?Telles sont les raisons profondes pour lesquelles, dans l'après-midi du 10 juin 1944, Montgomery lança entre les deux unités blindées allemandes, le 30ème Corps d'armée britannique dont la 7ème Amoured Division, celle des "Rats du désert", avec l'ordre de traverser Tilly-sur-Seules et de contrôler les hauteurs de Villers-Bocage. Au moment même où les avions de la 2ème Force aérienne tactique britannique matraquaient le château de La Caine à 20 km au sud-est de Caen et détruisaient tout l'état-major de Panzergruppe West commandé par le général Geyr von Schweppenburg, lui même commotionné. Simultanément, le Vème Corps U.S. montait une attaque en profondeur sur le flanc gauche de la 1ère DI US afin de protéger le flanc ouest de la manœuvre de la 7ème Division blindée britannique. Mais la Panzer Lehr résista fortement à Tilly-sur-Seules. Tilly sera prise et reprise tour à tour. Au point que Montgomery décidera de contourner ce "strong point" pour conquérir Villers-Bocage, toujours dans le but d'isoler Caen.
«Nous savions maintenant que l'ampleur de la surprise que nous avions atteinte était plus que nous puissions avoir imaginé. La rupture des communications ennemies provoquées par notre bombardement, et la panne de son radar provoqué par nos contre-mesures, avaient laissé l'ennemi dans le doute pendant un temps considérable quant à l'ampleur et de la puissance réelle de notre assaut. Il s’est écoulé un moment considérable avant qu'une information adéquate retourne à Hitler, et même beaucoup plus avant que des ordres cohérents soient diffusés depuis les quartiers généraux jusqu’aux formations de combat.
«Que la 21ème Panzer Division contre-attaque, et la 12ème SS se soit déplacée, le 6 juin, était imputable à l’initiative de leurs commandants. Non seulement l'ennemi a apprécié que notre débarquement dans la péninsule de Cotentin était interprété simplement comme un effort de diversion, qu’ils pourraient traiter facilement, mais cette interprétation a persisté que l'opération entière était une opération de diversion qui était seulement le prélude à l'invasion alliée principale à livrer dans le Pas-de-Calais. En conséquence, l'ennemi a complètement mal apprécié la portée de nos débarquements et de nos manœuvres les suivant, et cela a affecté sérieusement ses décisions permettant d’appeler en Normandie les divisions du Nord de la France.
«La réaction du commandement suprême allemand à la réception des nouvelles de notre débarquement est établie dans une conversation téléphonique à 1655 heures le D-day entre le chef d’Etat-major de von Rundstedt et le chef d’Etat-major de la VIIème Armée. Hitler désirait que la tête de pont soit annihilée dès le soir du 6 juin. Cet ordre, fantastique rétrospectivement, montre comment était bien peu connue à Paris ou à Berlin l'importance de l'opération alliée. En raison de mauvaises communications, il est douteux que ces ordres n’aient jamais été réellement transmis aux divisions concernées. Le chef de l'état-major allemand avait apparemment déjà dit qu'il trouvait la tâche impossible à effectuer, mais Rommel avait ordonné que la 21ème Panzer attaque immédiatement.
«L'interrogation après la guerre des généraux allemands qui étaient en Normandie montre la confusion considérable qui existait dans les formations ennemies le D-day. Un bon exemple est celui de la 21ème Panzer, dont le commandant, entendant des nouvelles de notre approche juste après minuit sans avoir reçu aucun ordre de ses supérieurs jusqu'à 0700 heures du matin. Bien qu'il ait été ordonné de n'entreprendre aucune démarche jusqu'à l'arrivée des instructions à partir du groupe d'armées «B», il a décidé, sur sa seule initiative, d'attaquer la 6ème Division Aéroportée britannique, et a donné des ordres à cet effet à 0630 heures. À 0700 heures il n'avait obtenu aucun ordre ferme quant au rôle que sa division était de jouer dans l'invasion de résistance, et ce n'était qu'à 1000 heures qu'un ordre d'opération est arrivé, qui a décommandé son mouvement contre la 6ème Division Aéroportée et lui a commandé d’assister à l’ouest les forces couvrant Caen.
«Pour ajouter à la confusion provoquée par la panne des communications, il était évident que les plans ennemis pour contrer notre attaque étaient vagues et que, en raison des différents entre von Rundstedt et Rommel, aucun plan coordonné quant à la façon traiter un impact important en Normandie n'avait été élaboré de fait, ainsi que la façon dans laquelle les divisions ennemies de réserve étaient disposées et les retards provoqués par notre bombardement conçu pour empêcher des formations ennemies de parvenir dans la zone de combat. Notre stratégie offensive et nos attaques étaient conçues «pour tailler des croupières» à l’intérieur, et forcer Rommel à… boucher des trous.
«Comme nous avions prévu, l'ennemi n'avait pas compris nos intentions locales. Incertain au début des flancs, de la taille et du succès de nos débarquements de troupes aéroportées, il s’est immédiatement préoccupé d'une exploitation rapide vers les ports de Cherbourg et de Rouen et de la conception possible de la frappe vers le Pas-de-Calais à lier avec l'assaut principal qu’il prévoyait. Ses premières réactions étaient des tentatives pour bloquer et détruire notre tête de pont sur la rive droite de l'Orne; pour s'opposer en force au VIIème Corps US à Montebourg (afin de protéger Cherbourg)…
«Ces trois efforts étaient essentiellement défensifs. Ses efforts offensifs se sont composés d’attaques locales fortes par trois divisions de Panzer - 21, 12 et Lehr - tout le long du front entre l'Orne et la Seulles. Ces attaques auraient dû être coordonnées, mais grâce aux attaques aériennes alliées, à la pénurie d'essence, aux mauvaises communications, et à l'incapacité de l'infanterie de tenir ses positions, elles ont dégénérées dans une série d'engagements locaux amers...» (3)»
Les succès américains autour de la bataille de Carentan |
Plan extrait de "CROSS-CHANNEL ATTACK", par Gordon A. Harrison |
Le vaste champ de manœuvre de la bataille de Villers-Bocage |
Carte construite avec Google Map. |
«Celui qui songe à utiliser la brèche pour tourner par l'Ouest le butoir de Tilly est le général Buchwall, commandant le 30ème Corps britannique. La VIIème Armoured déboite vers la droite , franchit l'Aure, contourne le crochet défensif allemand. Le 13, elle surgit sur les crêtes de Villers-Bocage entre dans la localité et, l'ayant traversé s'engage sur la route de Caen. Bayerlein est pris à revers.Si l'on voulait résumer la situation militaire en Normandie au 18 juin 1944, alors qu'Hitler avait lancé les V1 à l'assaut de Londres et que Cherbourg était déjà isolée du reste de la Normandie, c'est que les Allemands ne disposaient pas assez de fantassins pour constituer derrière eux de puissantes forces blindées d'attaque aptes à repousser les alliés. Les alliés eux-mêmes vont également avoir beaucoup de difficultés pour constituer leurs propres forces blindées d'attaque tant ils sont gênés par l'exiguïté de leur base de départ et par le bocage normand, ses zones inondables pas toujours praticables par les blindés et ses alignements de haies propices aux embuscades. Pour briser la défense allemande, il leur faudra utiliser l'avantage militaire et stratégique que leur donne la domination aérienne: le bombardier lourd. Une idée sur laquelle le général Bradley et l'état-major du groupe d'armée britannique travaillent depuis plusieurs semaines et à l'exploitation de laquelle Patton travaille déjà sous le contrôle de Bradley, mais qui ne pourra réaliser la percée espérée qu'après la prise de Saint-Lô.
«C'est alors que se produit un dramatique retournement de la fortune. L'avant garde de la 7ème Armoured, consistant en l'escadron londonien des Sharpshooters, fait halte à la côte 213 sur la route de Caen, au-dessus de la vallée encaissée de l'Odon. Personne ne voit surgir un détachement de 5 Tigres qui, défilant le long de la colonne surprise, comme les vaisseaux devant une ligne de frégates, incendient tous ses véhicules: 25 tanks, 14 camions blindés etc.
«D'autres chars allemands attaquent la lisière orientale de Villers-Bocage, bousculent les 8ème et 11ème hussards. Les intrus qui viennent ternir le brillant succès des "rats du désert" appartiennent à la 2ème Panzer mise à la disposition du groupe Geyr par une décision tardive d'Hitler...
«Elle devait, le 13 juin, remettre en état en état son matériel, mais l'Obersturmführer Wittman et le Hauptsturmfürher Mödin on découvert les Anglais là où ils ne devaient pas être, et spontanément, ont attaqué. Le général von Lüttwitz les a soutenus avec tous les éléments disponibles de sa division. Villers-Bocage est perdu...»
La proclamation d'Eisenhower |
«Actuellement, il n'existe aucun aucun accord entre le Gouvernement français et les gouvernements alliés au sujet de la coopératio,n de l'administration française et des armées alliées en territoire libéré...
«D'autre part, l'émission en France d'une monnaie soit-disant française , sans aucun accord et sans aucune grantie de l'autorité française ne peut conduire qu'à de sérieuses complications...»
«Nous sommes tous émus en nous retrouvant ensemble, dans une des premières villes libérées de la France métropolitaine; mais ce n'est pas le moment de parler d'émotion. Ce que le pays attend de vous, à l'arrière du front, c'est que vous continuiez le combat aujourd'hui, comme vous ne l'avez jamais cessé depuis le début de cette guerre et depuis juin 1940. Notre cri maintenant comme toujours, est un cri de combat, parce que le chemin du combat est aussi le chemin de la liberté et le chemin de l'honneur. C'est la voix de la mère patrie... Je vous promets que nous continuerons la guerre, jusqu'à ce que la souveraineté de chaque pouce de terre soit rétablie. Personne ne nous empêchera de la faire.
«Nous combattrons aux côtés des alliés, avec les alliés, comme un allié. Et la victoire que nous remporterons sera la victoire de la liberté, et la victoire de la France.
«Je vais vous demander de chanter avec moi notre hymne national, La Marseillaise.»
De Gaulle devant la foule à Bayeux |
Au premier plan devant De Gaulle à gauche, |
«Je suis très heureux de voir rassemblée ici la population chère et meurtrie de notre chère et meurtrie ville d'Isigny. Je sais quelle souffrance a traversée Isigny. Ce sont les souffrances que chaque parcelle de la France devra traverser avant d'atteindre la libération. Mais je sais comme vous, que cette épreuve ne sera pas inutile. C'est grâce à cette épreuve que nous ferons l'unité et la grandeur de la France. Je veux qu'avec moi, vous ayez au cœur un sentiment d'espérance et qu'avec cette espérance, vous chantiez La Marseillaise.»Avant même que le général De Gaulle ait entonné les premières mesures de l'hymne national (NdR dont le chant était interdit par l'occupant allemand et considéré comme séditieux pendant l'occupation hors la présence du Maréchal) la Marseillaise avait jailli de toutes les poitrines de la foule...
Le général de Gaulle, alors nommé |
... «Au début de la lutte la collaboration est des plus simples, car le sort du pays ne dépend que de la conduite des opérations. La conduite de la guerre est donc bornée au travail diplomatique pour nous procurer des alliances nouvelles, nous ménager de futurs concours, et à l'action morale en faveur de l'union sacrée.... le cractère de crise brutale que revêt la guerre de mouvement confère au commandement militaire la plupart des attributs propres au gouvernement.
«Mais celui-ci, les fronts une fois fixés, repasse au premier plan. C'est le peuple qu'il faut mettre en ordre. Lever des effectifs, mobiliser l'industrie, administrer le moral des citoyens, s'accorder avec les Alliés, telle est la grande Affaire.» Et à l'égard des élites militaires ou politiques, Charles de Gaulle s'est fait beaucoup plus intransigeant dans la dernière phrase de son ouvrage qui a, en réalité, guidé une bonne partie de sa vie politique: «Ceux-là, en dépit du tumulte et des illusions du siècle, qu'ils ne s'y laissent pas tromper: il n'y a pas dans les armes de carrière illustre qui n'ait servi une vaste politique, ni de grande gloire d'homme d'Etat que n'ait dorée l'éclat de la défense nationale.»
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